Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, des enfants d’un groupe de 4-5 ans à la garderie de Cantley ont fait, tout en douceur, l’expérience d’une séance de présence attentive! Suite à son succès, nous aimerions petit à petit l’intégrer dans plusieurs groupes d’âge de nos trois installations.
La présence attentive est une pratique parfaitement adaptée aux capacités des jeunes enfants. Elle permet des temps d’arrêt où ils peuvent, au rythme de leur respiration, reprendre contact avec eux-mêmes – leurs émotions, leurs sensations, leur environnement, etc.
Qu’est-ce que la présence attentive?
À chaque moment où nous sommes attentifs à ce qui se passe, ancrés dans le moment présent, nous sommes en présence attentive.
La présence attentive vise à favoriser un état de bien-être chez l’enfant, autant dans son corps que dans sa tête, en cultivant un espace intérieur de calme, de douceur et d’amour de soi. Cette pratique s’enracine dans plusieurs principes éthiques comme la bienveillance, la compassion et la tolérance1.
Cette pratique instaure un climat de calme et de confiance et aide l’enfant à mieux se connaître, à autoréguler ses émotions, à entretenir des relations empathiques et respectueuses avec ses pairs et à mieux se concentrer et apprendre.
Comment se déroule une séance de présence attentive à la garderie?
Les séances peuvent prendre plusieurs formes : les enfants peuvent par exemple faire une relaxation en étant couchés sur un matelas de sol tout en suivant la voix douce et calmante de l’éducatrice qui l’anime. Les enfants peuvent être invités à porter leur attention à leur respiration, à détendre une partie du corps, etc.
Nous faisons également des séances durant lesquelles les enfants sont assis sur un matelas de sol et font une méditation guidée avec l’aide d’un CD provenant du livre Calme et attentif comme une grenouille d’Eline Snel2.
La présence attentive au préscolaire (et à travers le monde!)
Plusieurs écoles et garderies à travers le monde intègrent aujourd’hui un programme de présence attentive à leur approche éducative. En Hollande, par exemple, le Ministère de l’Éducation offre à tous les enseignants une formation en présence attentive3.
Il existe également plusieurs organisations qui ont comme objectif d’intégrer des séances quotidiennes de présence attentive dans les salles de classe, dont Mindful Schools, MindUP ou encore Mindfulness in Schools Project.
Les bienfaits de la présence attentive en garderie
La présence attentive a de nombreux bienfaits pour la santé qui ont été prouvés scientifiquement : elle améliore grandement le bien-être et favorise l’apprentissage et le développement de l’enfant.
1. La présence attentive et les compétences socio-affectives
Cette pratique permet à l’enfant de mieux réguler ses émotions et développe ses compétences socio-affectives, des habiletés essentielles à sa réussite scolaire et à son épanouissement personnel4.
La présence attentive aide l’enfant à mieux nommer, exprimer et réguler ses émotions qu’il vit au quotidien (le développement de ces compétences socio-affectives est également soutenu par notre programme de Brindami et nos projets pilotes de Communication bienveillante et de massage), ce qui développe chez lui des sentiments d’estime de soi, de compétence et d’autonomie.
Par exemple, des enfants qui ont suivi le Kindness Curriculum, un programme de présence attentive au préscolaire, ont amélioré leurs compétences sociales et leur capacité d’autorégulation5.
Le cerveau se développe de manière optimale lorsque l’enfant acquiert des stratégies pour mieux gérer son état émotionnel.
Un enfant qui vit dans un état de stress ou d’anxiété a de la difficulté à être attentif, à mémoriser et à apprendre6 – l’on comprend alors tous les effets bénéfiques de cette pratique sur le cerveau de l’enfant et sur sa capacité d’apprentissage dans un contexte préscolaire.
Plusieurs recherches ont démontré que la présence attentive a un effet très bénéfique sur le cerveau : elle augmente la concentration de la matière grise7, favorise la neuroplasticité8, développe les fonctions exécutives (planification, prise de décision, etc.)9 et agirait sur la métacognition (la faculté de réfléchir sur ses propres processus mentaux)10.
3. La présence attentive permet à l’enfant de mieux apprendre
Pour apprendre, il faut d’abord être bien dans son corps.
L’enfant qui n’arrive pas à autoréguler ses émotions (comme la peur, la joie, la tristesse et la colère) n’est pas dans un état de bien-être et a beaucoup de difficulté à se concentrer, à réfléchir et à apprendre.
Plusieurs études récentes ont démontré que la présence attentive favorise les apprentissages : elle améliore la performance cognitive et la résilience face au stress11, optimise la mémoire vive12 et augmente la capacité d’attention des enfants au préscolaire13.
L’enfant qui participe à des activités calmantes et apaisantes active son système parasympathique, ce qui lui permet d’atteindre un meilleur équilibre émotionnel et donc favorise ses facultés de penser et de se concentrer14.
Lors de ces séances, les enfants sont aussi amenés à diriger leur attention sur leur respiration et leurs sensations, ce qui développe leur capacité d’attention et d’autorégulation. Ceci crée un effet calmant et les aident à mieux se recentrer et à accéder à leur cerveau préfrontal.
Sources
1. Grégoire, S., Lachance, L. et Richer, L. (2016). La présence attentive – mindfulness : état des connaissances théoriques, empiriques et pratiques. Québec : Presses de l’Université du Québec, p. 14.
2. Snel, Eline (2010). Calme et attentif comme une grenouille. Paris : Éditions des Arènes.
3. Ibid.
4. Willis, E. et Dinehart, L.H. (2014). Contemplative Practices in Early Childhood : Implications for Self-Regulation Skills and School Readiness. Early Child Development and Care, 184(4), p. 487.
5. Flook, L., Goldberg, S.B., Pinger, L., Davidson, R.J. (2015). Promoting Prosocial Behavior and Self-Regulatory Skills in Preschool Children Through a Mindfulness-Based Kindness Curriculum. Developmental Psychology, 51(1), 44-51.
6. Gueguen, C. (2005). « Les neurosciences et le développement de l’enfant ». Conférence en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=DvcJtn7ZCfU
7. Singleton, O., Hölzel, B.K., Vangel, M., Brach, N., Carmody, J., Lazar, S.W. (2014). Change in Brainstem Gray Matter Concentration Following a Mindfulness-Based Intervention is Correlated with Improvement in Psychological Well-Being. Frontiers in Human Neuroscience, Vol.8.
8. Définition : la neuroplasticité est la capacité du cerveau à se modifier à travers la création ou la réorganisation des réseaux neuronaux.
9. Grégoire, S., Lachance, L. et Richer, L. (2016). La présence attentive – mindfulness : état des connaissances théoriques, empiriques et pratiques. Québec : Presses de l’Université du Québec, p. 62.
10. Tang, Y.-Y., Hölzel, B.K., Posner, M. (2015). The Neuroscience of Mindfulness Meditation. Nature Reviews, Neuroscience, 16(4), 222.
11. Zenner, C., Herrnleben-Kurz, S., Walach, H. (2014). Mindfulness-Based Interventions in Schools—a Systematic Review and Analysis. Frontiers in Psychology, Vol.5.
12. Chiesa, A., Calati, R., Serretti, A. (2011). Does Mindfulness Training Improve Cognitive Abilities? A Systematic Review of Neuropsychological Findings. Clinical Psychology Review, 31(3), 449-464.
13. Lim, X., Qu, Li. (2017). The Effect of Single-Session Mindfulness Training on Preschool Children’s Attentional Control. Mindfulness, 8(2), 300-310.
14. Gueguen, C. (2005). « Les neurosciences et le développement de l’enfant ». Conférence en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=DvcJtn7ZCfU